lundi 18 février 2013


Depuis quelques semaines, la municipalité fait la publicité de son projet d’éco-quartier, censé remodeler 200 hectares dans les hauts de Montreuil (près d’un quart de la Ville). Ces quartiers connaissent de réels problèmes d’insalubrité, de manque d’accessibilité aux transports en commun et aux services publics. Mais le projet mégalomaniaque porté par Dominique Voynet, dans l’esprit du projet « cœur de ville » de l’ancienne municipalité de J.-P. Brard (apparenté PCF), a été concocté dans un petit cercle fermé.
Une plaquette publicitaire tirée à 40000 exemplaire et distribuée dans tous les foyers montreuillois vante "les hauts de Montreuil", un éco-quartier censé "résorber la fracture et les inégalités". Des chiffres clés sont donnés : 200 hectares (1/5ème de Montreuil ; 5 stations de Tramway (T1), 2 stations de métro (L11) ; 3000 logements à l'horizon 2020 ; 250000 m 2 / 6000 emplois ; 75000 m2 d'équipements ; 21 hectares d'anciennes terres agricoles protégées pour le projet agriculturel des murs à pêches ; 2 km h'autoroute démolie, remplacée par une avenue acceuillant le tramway. Des projets sont annoncés : 3 groupes scolaires et 3 crèches, un éco-pôle déchets et un parc aquatique.
Ce que ne fait pas Voynet, c'est de restituer les projets à ceux qui les ont portés et qui vont les mettre en oeuvre. Ainsi le passage du Tramway n'est pas du ressort de la commune et la démolition de la voie d'autoroute pour le permettre était déjà prévue à l'origine. Le projet des murs à pêche est porté par les associations montreuilloises comme "Montreuil environnement", "l'association des murs à pêche", "le sens de l'humus" et d'autres encore. Une partie de ce site est classé en tant que patrimoine. C'est une zone où des murs ont en plâtre ont été construit avec le gypse des carrières de Montreuil, permettant d'accumuler la chaleur et favorisant la culture des pêches et du maraîchage. Ces pêches étaient réputées et on dit qu'elles étaient présentes sur la table de Louis XIV. L'association des murs à pêche annonce que l'emprise actuelle de ce site est de 35 hectares, même si les zones sont plus ou moins bien conservées, plus ou moins polluées. 8.5 hectares ont été classés au titre de « site et patrimoine ». Alors, l'annonce par Dominique Voynet d'un espace de 21 hectares est en négatif celle de l’utilisation de 14 hectares de ce site pour les « hauts de Montreuil ». Comment qualifier alors d’éco-quartier, quand il s’agit de détruire un éco-système unique ? Comment circonscrire le projet agriculturel à un espace de 21 hectares avant même d’avoir défini un contenu et un projet ? Cette annonce sonne le glas des espoirs de ces associations et des militants qui avaient cru dans le changement de municipalité. A ce propos, vous pouvez lire l’article très intéressant de Fabrice Nicolino sur son blog « Madame Voynet et la nouvelle Bibliothèque François Mitterrand ».
Dans cette même plaquette, Dominique Voynet annonce le lancement de la consultation, mais elle oublie de présenter les choix déjà effectués : augmentation de la population, densification, création de ZAC (zone d’aménagement concerté) et la mise en place de partenariats public-privé pour porter le projet. On parle ainsi de la mise en place d’un aspirateur à ordure, technique maîtrisée par une seule multinationale qui en aurait la gestion pour une très longue période. Ce n’est pas sans rappeler le gestion par le privé de l’eau : une entreprise (Véolia) gère l’eau avec une délégation de service public. Le prix de l’eau est plus élevé, ce qui permet aux collectivités territoriales donneuses d’ordre (les municipalités adhérentes au Syndicat des Eaux d’Ile de France, SEDIF) de récupérer une partie des sommes soit sous forme de reversement, soit sous forme d’équipements collectifs. Une façon de financer des projets sans augmenter les impôts, mais en faisant supporter le coût sur la population d’une façon indirecte.
Ainsi la majorité municipale (réduite aux seuls soutiens de Dominique Voynet depuis le divorce avec les socialiste dissidents) livre à quelques multinationales un cinquième du territoire montreuillois. Elle met la population devant le fait accompli en lançant, avant toute concertation, les consultations auprès des entreprises. Empiétant allègrement sur les murs à pêches, la dimension écologique du projet est d’ailleurs tout à fait discutable.
Ce nouveau projet, laissant libre cours aux appétits privés, provoquera immanquablement une spéculation, une hausse des loyers et accélérera la relégation des populations les plus défavorisées vers les banlieues éloignées.

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